L’hypnose laisse-t-elle des traces ?

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Que reste-t-il d’une séance d’hypnose ? Quelles traces – écrites ou non – laissera le travail accompli par le praticien, la praticienne et son patient/client ? Que reste-t-il de ces informations patiemment glanées lors de l’anamnèse, de ces éclats d’existence, semés par le patient, comme des petits cailloux sur le chemin de sa vie, matériel que le praticien est censé ramasser pour l’aider à leur donner ou redonner du sens.

J’observais récemment un collègue hypnothérapeute, maître praticien, prendre des notes lors d’un séminaire, grâce à un outil de prise de notes et de dessins. Une page numérique couverte de brèves notes et de dessins, dans un harmonieux désordre, aux couleurs variées. Entre compte-rendu sérieux et blagues graphiques. Un véritable roman graphique. L’occasion de nous interroger sur les traces que nous laissons de nos séances.

Pourquoi garder quelque chose ? Et surtout que garder et pour qui ?

  • Le praticien se rassure ?

en notant les étapes d’un chemin, notes qui prouvent bien que le chemin existe et que le travail  hypnotique a produit des effets. Milton Erickson ne notait rien semble-t-il ; il est vrai qu’on se pressait autour de lui pour le faire à sa place …

Et s’il fallait tout oublier d’une séance à l’autre ? Un tel paradoxe, au-delà de son côté excessif, n’est pas pour nous surprendre en thérapies hypno-intégratives. Garder la fraîcheur de l’alliance thérapeutique ? Travailler « en mode trois neurones » ? En « mode trois neurones » on évite d’analyser, d’interpréter ou de déduire quoi que ce soit des informations que nous apporte l’entretien préalable.

Plus sérieusement quand 6 à 8 patients se succèdent chaque jour ou presque dans nos cabinets, ne rien écrire, ne laisser aucune trace, serait bien imprudent.

Au-delà de « l’état civil », de la plainte, de la demande et de l’objectif, intervient le « suivi ». Le patient nous précède sur ce chemin du mieux-être, nous le suivons de près, nous l’accompagnons et de temps en temps il nous incombe d’être son scribe, son historiographe symbolique.

  • Que garder ?

Sans doute que le plus important surgit quand encore rien ne s’est passé, lors du recueil d’informations, et qu’une expression advient, on ne sait comment, un mot, un ressenti, une couleur, une petite musique de vie dont les notes pourront constituer – peut-être – les matériaux de construction du sens ; et qu’il faudra savoir remobiliser le moment venu, au bon moment…

Et d’une séance à l’autre, noter l’évolution des échelles de ressenti, les réactions ; un regard, un silence, un soupir.

Qu’importe le support, papier, numérique, chacun(e) fera à sa mode. Il semble utile et répandu de faire usage de couleurs, d’avoir des « fiches » clients, des dossiers…

 

Bref, ce qui est important ce seront les traces que laissera la séance, chez le patient bien sûr, mais aussi chez le praticien.

Et c’est bien là tout le sens de nos pratiques de soin : laisser des traces…

 

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