L’éco-anxiété, pathologie ou prise de conscience douloureuse ?

 

Il n’est pas rare de trouver cette composante dans les profils de nos consultants.

Des enquêtes ont été menées sur cette question. L’une d’elles date de 2019, ses résultats ne sont donc pas fragilisés par le biais des effets de la pandémie. On peut y lire :

« Les répondants sont des personnes qui se montrent sensibles à cette thématique de l’éco-anxiété puisqu’ils sont plus de 90 % à affirmer que la dégradation de l’environnement crée chez eux un sentiment d’anxiété. 38 % affirment que leur état actuel de stress dans leur vie de tous les jours est important ou aigu et 68 % que leur ressenti d’anxiété par rapport à l’environnement est important ou aigu (20 % dans ce dernier cas). Ces « éco-anxieux » sont des jeunes (46 % ont moins de trente-cinq ans et 74 % ont moins de quarante-cinq ans), ….. »

Quand nous accompagnons nos client(e)s pour de l’anxiété, nous constatons souvent que cette angoisse/anxiété a des composantes multiples :  par exemple des composantes anciennes « réveillées » par un événement personnel ou non, un climat général, etc.

A considérer cela comme une « pathologie » spécifique, on risque de passer à côté d’éléments plus essentiels. Une bonne anamnèse sera, comme toujours, la meilleure façon de jeter les bases d’un accompagnement utile et efficace.

Un phénomène qui mobilise les chercheurs comme les soignants.

Pour en savoir, on pourra consulter un dossier complet consacré à l’éco-anxiété sur le site de la Fondation Jean Jaurès. En voici un extrait :

« Parmi les innombrables définitions de l’éco-anxiété, on peut se référer tout particulièrement à celle de chercheurs australiens et néo-zélandais, qui est sans doute la plus complète : « L’“éco-anxiété” est un terme qui rend compte des expériences d’anxiété liées aux crises environnementales. Il englobe “l’anxiété liée au changement climatique” (anxiété spécifiquement liée au changement climatique anthropique), tout comme l’anxiété suscitée par une multiplicité de catastrophes environnementales, notamment l’élimination d’écosystèmes entiers et d’espèces végétales et animales, l’augmentation de l’incidence des catastrophes naturelles et des phénomènes météorologiques extrêmes, la pollution de masse mondiale, la déforestation, l’élévation du niveau de la mer et le réchauffement de la planète. » 

Il s’agit en grande partie d’une anxiété d’anticipation, au sens d’une « inquiétude pour l’avenir et la peur que de mauvaises choses se produisent et que [l’on devienne] incapable d’accomplir avec succès ce que [l’on a] décidé de faire », en l’occurrence par rapport à la catastrophe climatique annoncée. Véronique Lapaige et la psychiatre américaine Lise Van Susteren parlent d’ailleurs à ce propos d’un « stress “pré-traumatique” ».

Qu’en dit la psychiatrie institutionnelle ?

« Le psychiatre Antoine Pelissolo et l’interne en psychiatrie Célie Massini rappellent pourtant dans leur ouvrage Les Émotions du dérèglement climatique qu’à ce jour, « il ne s’agit ni d’un syndrome, ni d’un diagnostic psychiatrique dans la mesure où il ne figure ni dans le DSM-5 ni dans le CIM-10, les deux outils de classification des troubles mentaux utilisés dans le monde ». Même si l’American Psychological Association (APA) ne mentionne pas l’éco-anxiété dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux-DSM-V, elle l’a tout de même évoquée dans un rapport consacré à l’impact du changement climatique sur la santé mentale, intitulé Mental Health and Our Changing Climate. Impacts, Implications and Guidance et publié en mars 2017, dans lequel celle-ci est définie comme une « peur chronique d’un désastre (doom) environnemental ». 

 Le médecin épidémiologiste Alice Desbiolles explique également dans un livre qu’elle a consacré à ce sujet que l’éco-anxiété « reflète […] l’inquiétude anticipatoire que peuvent provoquer les différents scenarii établis par des scientifiques – comme ceux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) – sur la viabilité de la planète dans les décennies à venir ».

Le dossier complet est consultable  sur le site de la Fondation Jean Jaurès :

https://www.jean-jaures.org/publication/eco-anxiete-analyse-dune-angoisse-contemporaine/

On pourra lire aussi :

Dans le magazine « Valeurs Mutualistes » de la MGEN, n° 328, 2ème trim 2022 :

Prévention « L’éco-anxiété, un mal être à surveiller ».

Et dans la presse  régionale :

https://www.ladepeche.fr/2022/03/25/eco-anxiete-trois-francais-sur-quatre-sinquietent-pour-leur-sante-10194292.php

 

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