Tabac Alcool : Deux addictions bien différentes.

Dans nos supports de communication, nous mentionnons souvent, parmi les indications de nos thérapies hypno-intégratives, le mot « addictions ». Toutes les addictions se valent-elles ? Pouvons-nous quelque chose pour l’addiction alcoolique, si oui dans quels cas ? Et le cannabis ?  Nous ouvrons ce dossier en proposant une comparaison entre l’addiction tabagique et la dépendance alcoolique.

Thèse en résumé :

La dépendance physiologique à la nicotine est probablement beaucoup moins importante que ne le disent les marchands de substituts nicotiniques ou de gomme à mâcher. En revanche la dépendance comportementale et psychologique est centrale dans l’étiologie et le traitement de cette addiction.

La dépendance à l’alcool, à l’inverse, est très largement physiologique et durable, même si les facteurs sociaux, comportementaux et psychologiques y interviennent également.

Voilà pourquoi nos pratiques hypno-intégratives réussissent bien dans le cas de l’addiction au tabac ; et également pourquoi nous avons beaucoup plus de difficultés dans le cas des addictions alcooliques.

Dans les deux cas, les mécanismes de dépendance sont parfaitement connus et décrits. On pourra ainsi se reporter à quelques publications citées en annexe. Certains de ces articles sont très techniques, mais aussi très éclairants… et convaincants.

La dépendance à la nicotine

La nicotine est un alcaloïde. Elle simule l’effet de l’acétylcholine, un neurotransmetteur qui agit dans le système parasympathique, donc la partie de notre Système Nerveux Autonome qui correspond à la détente, à la régénérescence, au repos. On lit parfois, « circuit de la récompense et du plaisir ». Elle imite les neuromédiateurs naturels et se substitue à eux dans les récepteurs (d’ailleurs nommés « récepteurs nicotiniques »). Envoi de dopamine dans le cortex pré-frontal et au passage stimulation des autres parties du cerveau impliquées dans le circuit du plaisir. Quand l’intoxication tabagique est régulière et ancienne, les synapses n’ont pas le temps de retrouver leur sensibilité normale à l’acétylcholine. Cela déclenche de l’inconfort et de l’agitation donc une nouvelle consommation de tabac. La nicotine agit donc comme une imposture.

Donc le sevrage nicotinique est assez simple et surtout il est sans conséquence ou effet secondaire, sauf bien sûr positif pour ce qui touche aux fonctions organiques qui retrouvent leur pleine fonctionnalité (respiration, digestion, mémoire, apprentissages, etc .)

Ce qui reste à « traiter », c’est la dépendance psychologique et comportementale. Aider le patient/client à apprivoiser la frustration tabagique. Cette frustration n’a rien de commun avec une dépendance physiologique.

Voilà pourquoi un bon accompagnement, par l’hypnose par exemple, donne de très bons résultats avec peu de rechutes, en deux ou trois séances.

On trouvera dans le dossier « Tabac-Alcool » sur le site de la Fédération, (page Echanges Professionnels) les échos d’expérimentations menées sur la dépendance tabagique, notamment sur des personnels navigants d’une compagnie aérienne. En voici un extrait :

« Le Dr Dar et ses collègues ont constaté que la durée du vol n’a aucun impact significatif sur les niveaux de manque, qui ont été similaires pour les vols courts et longs. En outre, les niveaux d’envie à la fin de chaque vol de courte durée étaient beaucoup plus élevés que ceux de la fin du long vol, ce qui démontre que les envies de fumer augmentent par anticipation de l’atterrissage, quelle que soit la durée totale du vol. Il en conclut que l’envie est produite par des signaux psychologiques plutôt que par les effets physiques de la privation de nicotine. »

https://www.unairneuf.org/2010/07/dar-dependance-nicotine.html

La dépendance alcoolique

En bref, l’alcool interagit avec de nombreux systèmes de neurotransmission. Les consommations alcooliques massives, par exemple lors de ce que l’on appelle le « binge drinking », ont des conséquences neurologiques, cérébrales et cognitives durables sinon irréversibles. La plasticité synaptique est durablement affectée par la consommation excessive d’alcool.

L’addiction à l’alcool, au-delà du phénomène de satisfaction immédiat, s’accompagne d’une élévation du seuil d’activation des neurones dopaminergiques, associée à un état émotionnel négatif (dépressif). Une diminution, voire une perte de la capacité de contrôle inhibiteur, déclenche une augmentation de la motivation à consommer de l’alcool.

En outre, les composantes sociales et environnementales de la maladie alcoolique sont puissantes et provoquent très souvent des rechutes

On comprend bien pourquoi nos thérapies hypno-intégratives restent souvent bien impuissantes à aider des patients/clients alcooliques. On pourra noter cependant de bons résultats sur les excès alcooliques occasionnels, ceux que l’on appelle les « dérapages alcooliques ».

Nous reviendrons ultérieurement sur la question du cannabis.