Vous trouverez dans ce dossier quelques éléments de réflexion. Des références pour creuser ce dossier:

Un article sur la dépendance à la  nicotine.

1- RÉFÉRENCES :

On lira avec profit une description des conduites alcooliques sur un plan clinique par exemple dans Introduction à la psychopathologie de l’adulte, d’Evelyne Pewzner, chez Armand Colin (pages 212-218). Ou encore de façon plus détaillée dans le manuel de Psychopathologie de l’adulte de Quentin Debray et alii, publié chez Elsevier (pages 244-260).

Quelques liens intéressants

Dépendance alcoolique : http://www.afpremed.org/downloads/albioctobre2016laurence.pdf

Cet article décrit, schémas à l’appui, les mécanismes neurobiologiques de l’alcoolo-dépendance.

Pour le tabac : https://presse.inserm.fr/wp-content/uploads/2017/01/2004_02_10_CP_JeunesseVsTabagisme.pdf

https://www.filsantejeunes.com/les-mecanismes-de-laddiction-au-tabac-5463

 

2- LA THÉORIE DE LA DÉPENDANCE A LA NICOTINE.

La théorie de la dépendance à la nicotine prend un nouveau coup dans l’aile

Tabagisme : l’esprit prime sur le corps

La nouvelle étude surprenante de l’Université de Tel Aviv montre que les envies de fumer résultent de l’habitude, et non d’une dépendance physique.

La plupart des fumeurs ont découvert que les timbres et autres gommes à la nicotine sont le plus souvent inefficaces pour faire face aux envies de fumer. Une nouvelle étude de l’Université de Tel-Aviv montre aujourd’hui pourquoi ils sont inefficaces et ouvre la voie vers des programmes d’aide à l’arrêt du tabac plus efficaces, basés sur les sciences humaines.

Dans une étude publiée dans le Journal of Abnormal Psychology [1], Dr Reuven Dar du département de psychologie de l’Université de Tel Aviv a constaté que l’intensité des envies de fumer a plus à voir avec la dépendance psychologique qu’avec les effets supposés addictifs de la nicotine.

« Ces résultats pourraient ne pas être populaire auprès des partisans de la théorie dépendance à la nicotine, car ils sapent le rôle physiologique de la nicotine et soulignent que l’esprit prime sur le corps quand il s’agit de tabagisme », dit le Dr Dar. Il espère que cette recherche aidera les cliniciens et les autorités sanitaires à développer des programmes d’aide au sevrage tabagique plus efficaces et que les onéreux patchs ou chewing-gums à la nicotine.

La théorie s’envole

Les conclusions de Dr Dar et de ses collègues sont fondées sur deux études marquantes. Dans l’étude la plus récente, ses collègues et lui ont suivi le comportement tabagique et les niveaux d’envie de fumer d’hôtesses de l’air et de stewards de la compagnie aérienne El Al. Chaque participant a été suivi pendant deux vols – un vol long courrier durant de 10 à 13 heures, de Tel Aviv à New York par exemple, et un vol de deux étapes plus courtes, d’Israël vers l’Europe et retour, chacune d’une durée de trois à cinq heures. Les niveaux d’envie de fumer des participants étaient relevés pendant toute la durée du vol grâce à un questionnaire.

Dr Dar et ses collègues ont constaté que la durée du vol n’a aucun impact significatif sur les niveaux de manque, qui ont été similaires pour les vols courts et longs. En outre, les niveaux d’envie à la fin de chaque vol de courte durée étaient beaucoup plus élevés que ceux de la fin du long vol, ce qui démontre que les envies de fumer augmentent par anticipation de l’atterrissage, quelle que soit la durée totale du vol. Il en conclut que l’envie est produite par des signaux psychologiques plutôt que par les effets physiques de la privation de nicotine.

Interdit de fumer le jour du sabbat

Dans une précédente étude datant de 2005, le Dr Dar a examiné des israéliens de religion juive fumeurs s’interdisant de fumer le jour du sabbat. Il les a questionnés sur leurs envies de fumer lors de trois circonstances différentes : le jour du sabbat, un jour de semaine ordinaire, et un jour de semaine où ils devaient s’abstenir de fumer. Les participants ont été interrogés à la fin de chaque jour sur leurs niveaux d’envie.

Ce que le Dr Dar constaté était que envies étaient très faibles dans la matinée du jour du sabbat, lorsque le fumeur savait qu’il ne serait pas en mesure de fumer pendant au moins 10 heures. Les niveaux d’envie augmentaient progressivement à la fin du sabbat, lorsque les participants anticipaient leur première cigarette de reprise. Les niveaux d’envie en semaine sans restriction étaient aussi élevés que le jour où ils se sont abstenu, montrant que le besoin n’est pas lié à la privation de nicotine.

[La nicotine n’est pas une substance addictive]

Les études du Dr Dar permettent de conclure que la nicotine n’est pas addictive au sens où la dépendance physiologique est généralement définie. Bien que la nicotine ait un rôle physiologique dans l’augmentation des capacités cognitives comme l’attention et la mémoire, ce n’est pas une substance addictive comme l’héroïne, qui crée de véritables symptômes de sevrage physiques et systémiques, dit-il.

Dr Dar estime que les gens qui fument le font pour les bénéfices à court terme, comme la gratification orale, le plaisir sensoriel ou de camaraderie sociale. Une fois l’habitude établie, les gens continuent à fumer en réponse à des signaux et à des situations qui deviennent associées au tabagisme. Dr Dar estime que considérer le tabagisme comme une habitude, et non pas comme une dépendance, facilitera sa prise en charge. Il suggère que les remèdes au tabagisme mettent l’accent sur les aspects psychologiques et comportementaux de l’habitude sans focaliser sur les aspects biologiques comme cela est le cas actuellement [2].

Article traduit de :

Smoking Mind Over Smoking Matter
American Friends of Tel Aviv University, 13.07.2010
(avec l’aimable autorisation de Reuven Dar, original anglais ici)

Références

  1. The craving to smoke in flight attendants: Relations with smoking deprivation, anticipation of smoking, and actual smoking.
    Dar, Reuven; Rosen-Korakin, Nurit; Shapira, Oren; Gottlieb, Yair; Frenk, Hanan; Journal of Abnormal Psychology, Vol 119(1), Feb 2010, 248-253.
  2. cf. l’ouvrage de Hanan Frenk et Reuven Dar : Dépendance à la nicotine. Critique d’une théorie  ; Préface de Robert Molimard ; Paris, Les Belles Lettres, 2004.