« MA VOIX VOUS ACCOMPAGNE »

Améliorer l’accompagnement en travaillant avec sa voix

Les protocoles hypnotiques ou conversationnels que nous proposons à nos patients/clients ont des origines diverses. Bien souvent nous avons remarqué un texte qui nous plaît bien, mais où nous trouvons quand même de nombreux détails qui ne nous conviennent pas. Alors on change, on improvise, on mélange plusieurs textes, plusieurs briques on les arrange à « notre sauce ». Et il est bien rare, quand on a pris un peu d’assurance, que nous répétions deux fois le même texte. Et c’est bien ainsi. Et il en va de même pour toutes les briques que nous utilisons au cours de la séance.

En revanche, la question qui va immédiatement se poser, quand on entre dans le monde de l’hypnose, quel que soit le texte choisi, que l’on improvise ou non : comment lire ? Quelle tonalité ? Quelle intensité ? Quel timbre ? Quel débit ?

La prosodie qu’on va appliquer à la lecture de nos protocoles sera décisive. Des choix que nous opérerons, dépendra largement le succès de nos interventions, ainsi que la qualité de l’alliance thérapeutique avec notre patient/client. La bonne nouvelle, c’est que cela se travaille, et qu’il est facile de progresser dans cette compétence. Cette fiche a pour objectif de vous y aider, si vous en éprouvez le besoin.

Écoutons ces trois enregistrements du même texte: il s’agit du début d’une induction-type

Voici ce texte :

« Vous pouvez entendre ma voix, et sentir le poids de votre corps sur le siège, vous pouvez même peut-être sentir la température de l’air et commencer à développer un sentiment de confort. Plus vous entendez ma voix et plus ce confort peut s’installer.

Vous allez pouvoir quand vous le souhaiterez, amplifier votre respiration, prendre trois grandes inspirations et prendre le temps chaque fois de souffler très profondément, tranquillement et à votre rythme.

Voilà, c’est très bien. Et à chaque fois que vous soufflez, c’est une détente profonde qui peut s’installer, une détente naturelle et agréable.

Cette détente qui s’installe peu à peu, vous pouvez peut-être la sentir dans tout votre corps qui l’accueille avec plaisir et peut-être même cela peut-il se lire sur votre visage.

Ma voix vous accompagne. Elle va continuer de vous accompagner……..

 

D’abord le texte lu de façon « neutre », correctement mais sans expressivité.

Voici ensuite le même texte mais avec davantage d’expressivité.

Et enfin une version avec musique et voix avec effet (via la table de mixage Yamaha AG03)

On se rend compte rapidement quelle est la version qui permettra, le plus aisément, d’emmener notre patient/client dans la séance.

Connaître et comprendre les paramètres de la voix :

Les paramètres vocaux sont les caractéristiques qui permettent de décrire une voix. Il en existe cinq: la fréquence, l’intensité et le timbre. Auxquelles on ajoute le débit et la prosodie qui dépendent de la parole.

La Fréquence

Elle correspond à la fréquence d’ouverture et de fermeture des cordes vocales, on parle parfois de hauteur de la voix. Elle varie selon la taille du larynx.

Chaque personne a une fréquence vocale qui lui est propre. Mais lorsqu’un individu parle, il peut utiliser plusieurs fréquences, ce qui correspond à son étendue vocale. Pour la voix chantée, on parle de tessiture.

L’intensité

Dans le langage « courant », cela correspond à parler fort ou doucement. L’intensité est ainsi la force de l’air envoyé des poumons.

Le timbre

Le timbre dépend des fréquences contenues dans un son. C’est la couleur de la voix.

On peut décrire différents types de timbres : sombre, brillant, clair, éraillé, cristallin, …

Le débit

Le débit de la voix est la vitesse à laquelle on parle. Il peut donc être lent, normal ou rapide. Un débit trop rapide demande à l’interlocuteur plus de concentration pour suivre le rythme de la parole. De même, il est parfois difficile de rester attentif lorsque le débit de la personne qui parle est trop lent. Un débit lent pourra donc avoir un effet hypnotique.

La prosodie

C’est la variation des caractéristiques de la voix en situation de parole. Elle correspond à l’expressivité de la voix. Elle traite donc du ton, ou de l’intonation, mais aussi de l’accent, du rythme et du débit. Dans la communication, elle est révélatrice des intentions non-verbales du locuteur et donne des indications sur ses émotions.

 

Comment faire pour progresser dans cette voie (voix ?) ?

  • Créer un espace global avec variations
    Recréer un espace sonore à plusieurs dimensions : en variant l’intensité, le débit, en parlant un peu à côté du micro pour suggérer une forme d’éloignement, puis revenir. Ne pas hésiter à « travailler » sa voix. Il n’existe pas de « voix hypnotique ». Seule existe la voix qui vous relie efficacement au patient/client qui vous a demandé de l’accompagner sur son chemin de mieux-être.
  • Créer un espace individualisé avec variations: chuchoter pour simuler un espace d’intimité, parler doucement, ménager des silences « expressifs », c’est-à-dire des silences qui parlent et accompagnent le « saupoudrage » (voir ce mot dans le glossaire). Enveloppante, berçante, présente, la voix du praticien constitue le fil directeur du voyage hypnotique.
  • Articuler le descriptif, l’injonction, le questionnement. Soigner les intonations de fin de phrase, de fin de mot, laisser les mots saupoudrés en suspension, ne pas hésiter à ne pas finir une phrase « peut-être allez-vous ressentir ….. ». Varier l’intonation et la prosodie selon que vous vous adressez à la personne, à son double dissocié, à son guide intérieur, à son inconscient, etc….
  • Accompagner avec la voix : se synchroniser sur la respiration, parler sur les phases d’expiration (si possible… pas évident à réaliser), notamment pour les suggestions hypnotiques. Le silence est encore de l’accompagnement, « je vous laisse un instant pour profiter de …. »

 

Et la musique vint….

et cela change tout. La musique, que vous choisirez, pas trop expressive, pas trop « marquée », plutôt « zen* », douce, relaxante, va vous aider considérablement à construire cet espace-temps très particulier dans lequel vous « embarquez » votre patient/client. Vous pourrez en varier le niveau avec les outils appropriés, habiller vos silences, rythmer la relation en synchronie avec la personne, créer un espace partagé.

La musique vous offre une possibilité supplémentaire de construire l’espace d’accueil que vous souhaitez installer pour votre patient/client

Pendant la séance, vous saurez baisser le son, changer de musique, si cela s’avère utile ou nécessaire. Il peut arriver que la personne vous demande de couper la musique : ce n’est pas nécessairement un signe négatif, mais peut-être le désir d’entamer  une relation plus « directe » avec vous, le praticien.

Après la séance : on aborde là un chapitre important de nos pratiques : le suivi de nos patients/clients entre nos rendez-vous. Nous sommes nombreux à enregistrer nos séances (avec bien entendu l’accord de nos patients/clients). Nous le faisons pour plusieurs raisons : revenir sur une séance pour la décrypter ou simplement s’en souvenir dans la perspective du prochain rendez-vous. Mais aussi  pour construire l’alliance thérapeutique à l’aide d’un lien maintenu avec la personne entre les séances. Chacun fait comme il le sent, dans le respect d’autrui. On pourra ainsi adresser, par mail, en fichier son en MP3, à nos patients/clients tout ou partie de la séance afin de lui permettre de réécouter, et surtout de maintenir vivant le lien qui nous unit à lui (elle) le temps de la thérapie.

 

 

* « zen », tout le monde n’est pas réceptif à ce type de musique. Vous saurez entendre, peut-être même deviner des blocages, des incompatibilités. Gardez plusieurs solutions sous la main… Et changez, sans état d’âme, de musique.