LES TOCS, mieux les comprendre pour mieux les traiter.
Selon un avis assez largement partagé, les TOC sont à la fois simples et complexes : des techniques sont à disposition pour les traiter dans nos cabinets, mais assez souvent ces troubles résistent au point que nos interventions se terminent par un conseil de consultation chez un psychiatre. On trouve par ailleurs peu de choses sur les TOC dans les grandes revues professionnelles. Nous disposons pourtant d’outils puissants.
Une rapide typologie permettra d’y voir plus clair dans ce que G. Nardone appelle la « tyrannie de l’absurde ». Et surtout de faire la différence entre petite névrose obsessionnelle qui vous fait vérifier deux fois (ou trois …) si le gaz est bien fermé – ce qui n’est que de la prudence -, et ces comportements qui peuvent empoisonner et ruiner la vie de certains de nos clients. Des clients qui bien souvent ont tout tenté pour en sortir. Et précisément ces tentatives peuvent aboutir à l’inverse du résultat souhaité : stratégies d’évitement, installation de rituels « préventifs » (qui accentuent la ritualisation), demande accentuée d’aide des proches (reconnaissant ainsi une faiblesse face au problème), … Dans ces cas-là, les tentatives de solution deviennent … le problème.
Une rapide typologie :
Les caractéristiques ordinaires principales des TOC sont au nombre de cinq :
- Le doute : crainte d’être potentiellement infecté, d’être menacé par une cause externe et donc recherche de sécurité absolue, immédiate, à travers un acte, des actes préventifs ou curatifs répétitifs et ritualisés. Et le piège se referme …
- Croyance superstitieuse (ou religieuse) qui pousse à croire qu’on a commis une faute dont il faut « se laver », voire « se punir ».
- Hyper-rationalité : analyser toutes les hypothèses avant d’agir, de choisir, et ceci jusqu’à l’absurde.
- Gestes de prévention normale qui s’exacerbe : une mère ou un père empêchera son enfant de faire mille choses (jouer par terre, porter des objets à la bouche, sortir, jouer avec d’autres enfants, etc.) jusqu’à le « mettre sous cloche ».
- Parfois une origine traumatique et des rituels de toutes sortes pour en conjurer le retour ou les effets. Lavages compulsifs pour effacer une souillure (abus sexuel, excréments, …)
Les modes d’interventions :
En plus de l’hypnose, on en connaît deux principalement : les TCC et la thérapie stratégique.
Les TCC fonctionnent sur l’idée qu’une prise de conscience par le client, permettra de mettre en place une approche volontariste pour atténuer ou faire disparaître les comportements compulsifs. C’est une approche progressive. Fondée sur l’installation de comportements correctifs sur le long terme
La thérapie brève stratégique solutionniste postule qu’il faut renoncer à « guérir » comme le ferait une approche médicamenteuse allopathique. Il faut chercher à transformer un équilibre dysfonctionnel en équilibre fonctionnel, par une approche empirique, contre-intuitive parfois (par exemple lorsque le praticien « prescrit le symptôme » en demandant de faire plus de rituels…). Cette approche fonctionne largement sur un déblocage correctif émotionnel. Ses outils principaux : mise en place d’un contre-rituel, perturbation du rituel (retarder, augmenter, réduire, …), différer le geste compulsif (gestion du temps des crises), briser la rigidité du contrôle.
L’approche stratégique est plus disruptive, plus empirique et plus rapide. [Selon moi plus efficace]
Ces deux approches fonctionnent. C’est selon ses compétences ou ses expériences qu’on choisira telle ou telle, et rien n’empêche d’ailleurs de les combiner adroitement…
Dans tous les cas de figure, une très bonne communication et une alliance thérapeutiques sont les clefs de la réussite.
Outre les nombreuses références plutôt orientées hypnose
Par exemple : L’hypnose pour effacer les TOC, de Claude Michel, chez Satas éditions, 2017
on pourrait avec profit aller voir du côté des TCC par exemple avec :
Les thérapies comportementales, cognitives et émlotionnelles en 150 fiches, de Clément Lecomte et Dominique Servant., Satas Editions, 2020.
Et sur l’approche stratégique un ouvrage passionnant et très pratique :
Obsessions, compulsions, manies, de Giorgio Nardone et Claudette Portelli, chez Satas Editions, 2016.
On pourra se reporter au dossier en cours de constitution sur le site de la FFPTHI : exemples réels et concrets, proposition, réussites, échecs, réflexions diverses, extraits d’ouvrages.