Le kit de sauvegarde du-de la praticien-ne

Les praticiens et thérapeutes accompagnent leurs consultants dans les changements, les souvenirs traumatiques, les frustrations, les périodes de vie difficiles. Souvent, l’histoire de ces personnes peut résonner en nous : nous avons traversé un épisode du même ordre, nous connaissons quelqu’un dans le même cas ou tout simplement nous sommes émus, touchés par les personnes, leur récit ou leur demande. C’est normal, nous sommes des personnes réelles, nous avons des émotions et des réactions, des histoires de vie. Mais jusqu’à quel stade l’empathie, l’effet miroir ou la surimpression de notre propre vécu à l’histoire du consultant peut-il impacter notre accompagnement ? Sommes-nous encore efficaces pour l’autre quand nous réparons notre propre histoire ? Et comment nous protéger, comment nous alléger quand nous sommes confrontés à longueur de journée aux traumas, aux récits parfois violents ou aux difficultés des autres ?

En tant que professionnels, nous devons nous poser régulièrement ces questions.

Certains praticiens peuvent se laisser parfois envahir ; certains apportent leurs propres réponses à leur consultant, oubliant de l’aider à trouver les siennes ; d’autres prennent au contraire tellement de distance avec le consultant pour se protéger qu’ils finissent par en perdre petit à petit toute empathie, pour ne plus voir que des cas cliniques ; d’autres encore ont appris, durant leur formation à garder juste ce qu’il faut d’empathie, puis à mettre de la distance pour gagner en efficacité. Après tout, les consultants viennent chercher de l’écoute et une aide, il convient donc de leur offrir les deux.

Le docteur Gabriel Sara, médecin oncologue qui joue son propre rôle dans le film « De son vivant », rappelle à longueur d’interviews que le médecin froidement détaché de ses émotions et uniquement concentré sur la technique médicale passe à côté de précieux outils d’accompagnement. Le dosage est subtil, mais le praticien est aussi un être humain, un humain que le consultant a choisi pour l’accompagner avec des techniques, des savoir-faire et aussi des savoir-être. Cet être humain, pour professionnel qu’il soit, doit pouvoir lui aussi être accompagné dans la gestion de tout cela. Le docteur Sara a d’ailleurs mis en place dans son hôpital des moments ritualisés, collectifs, destinés uniquement à tous les soignants de l’équipe, dans cet objectif : accompagner les accompagnants.

La FFPTHI souhaite également accompagner les praticiens, au-delà de ce que chacun a pu mettre en place, comme participer à des groupes d’échanges de pratiques ou des supervisions, qui sont 2 actions utiles et même nécessaires à chacun d’entre nous. Ne pas rester isolé, échanger avec ses pairs et éviter de se renfermer sur soi, raconter ce qui nous a été livré ou ce que cela provoque en nous, se confronter à l’avis de l’autre, sont des bases incontournables. Nous sommes seuls dans nos cabinets, ne restons pas isolés !

Mais d’autres outils existent, que nous proposons à nos consultants uniquement si nous y avons été formés.

Nous vous proposerons très prochainement, le 15 janvier 2022, une journée de rencontres, partages, découvertes et pratique sur ce thème, et nous mettrons progressivement et régulièrement en ligne sur notre site, pour nos adhérents uniquement, un dossier avec des techniques simples, éprouvées, pour vous soulager, vous permettre de vous régénérer entre deux rendez-vous ou avant de retourner à votre vie privée. Issues des différentes spécialités de nos membres, ces techniques sont facilement utilisables et vous permettront de mettre à distance, de prendre soin de vous.

C’est un principe de secourisme : s’assurer que l’on est soi-même en sécurité et qu’on évite le suraccident avant de s’occuper du blessé. Il est essentiel de l’appliquer pour nous aussi. Et qui sait ? cela vous donnera peut-être envie de vous former à d’autres techniques ?

Et si vous-même, vous utilisez des techniques particulières pour « fermer le dossier » quand votre consultant a passé la porte, n’hésitez pas à les partager. L’espace de la FFPTHI vous est grand ouvert. Parce que c’est le vôtre.

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